La bonne résolution
Non, je ne parle pas de la bonne résolution en ce début d’année, mais de choisir la bonne résolution pour exploiter au mieux ses photos numériques selon ses besoins.
Trop souvent, on m’envoit un fichier 10 fois trop gros pour une exploitation sur le web, ou inexploitable pour un tirage photo, car d’une résolution trop faible. De toute évidence, il faut consacrer un peu de temps pour expliquer tout cela.
Quels Mégapixels et quelle compression jpeg pour quelle utilisation?
Depuis les premiers APN (Appareils Photo Numériques), les vendeurs communiquent sur les MEGApixels, comme argument ultime de performance. Ainsi, un appareil 2MegaPixels qui était au top en 1998 serait ultra ringuard aujourd’hui… sauf s’il se trouvé intégré à un téléphone mobile. Mais au fait, quelles photos peut-on faire avec 2 Mégapixels?
2MégaPixels correspondent à une image de 1600×1200 pixels, le pixel étant l’élément de base d’une image, le point le plus petit que l’on puisse représenter. Un tirage photo se fait avec une résolution de 200 dpi (Dot Per Inch ou Points par Pouces). Un pouce équivalant à 2,54cm, un tirage photo se fait avec une résolution de 79 points par centimètres: chaque centimètre du tirage photo contient 79 pixels. Avec 1600 pixels de long, on peut donc réaliser un tirage photo de 1600/79=20,25cm de long, pour une largeur de 1200 pixels soit 1200/79=15,20cm.
Ainsi, on peut réaliser des agrandissements en 15×20 avec seulement 2mégapixels! En pratique, on peut même aller jusqu’au format A4 (21×30) sans perte de qualité trop notable. Maintenant, comptabilisez les tirages photo que vous avez réalisés d’un format supérieur au 21×30… alors?
A l’inverse, on peut également calculer la résolution minimale pour un tirage photo « normal », soit de 11×15: 11*79=869 pixels, 15*79=1185 pixels. Ainsi, il suffit d’un fichier numérique de moins de 900×1200 pixels, pour obtenir un tirage photo de taille standard 11×15 sans problème de qualité.
Pour les allergiques aux maths, voici une table de correspondance:
Mais alors, les Mégapixels ne servent-ils à rien???
C’est ce que j’avais tendance à dire, mais en réalité, disposer d’une résolution largement supérieure à celle requise pour un tirage photo de qualité peu présenter au moins un intérêt: pouvoir recadrer sa photo, et parfois modifier totalement son rendu. Cela suppose que la photo de départ n’est pas cadrée trop serrée… tachez d’y penser lors de vos prochaines prises de vues
Cliquez sur cet exemple: en partant d’une photo très large réalisée en 10Mpixels, la zone recadrée permet, avec sa résolution de 800×600, un tirage photo 11×15 qui n’a pas grand chose à voir avec la photo de départ, si ce n’est la neige. Au passage, notons qu’une photo recadrée est forcément de plus faible résolution que l’originale, puisque nous éliminons une partie de l’original. Lors du recadrage, il ne faut donc pas perdre de vue le format de tirage (ou affichage) souhaité pour en déduire la résolution minimale requise pour notre photo recadrée.
La taille des fichiers en question
Revenons à notre pixel. Ce point nécessite au moins 3 octets pour définir sa couleur (en l’occurrence parmi une palette de 16 millions). Pour connaître le « poids » d’une image il suffit donc de multiplier la largeur par la hauteur par 3, soit, pour une image de 2Mpixels, 1600*1200*3=5,5Mo. Et pourtant, le fichier généré par mon Olympus C2040Z ne faisait que 1Mo en moyenne. Comment est-ce possible? La compression Jpeg explique cette cure d’amaigrissement, mais pas de miracle à l’horizon: en contrepartie, les plus petits détails sont gommés, remplacés par du « flou ». Et plus le taux de compression est important, plus les éléments gommés seront visibles.
Ainsi, si votre appareil photo 8 Mégapixels génère des fichiers de moins de 1Mo, ayez conscience que vous vous avez perdu l’essentiel des détails de votre photo. D’une manière générale, je considère qu’au-delà d’une réduction de taille du fichier de 4/5 (80%), la compression jpeg commence « à se voir ».
Voici en image l’effet d’une compression jpeg de plus en plus importante, avec une perte de détail croissante. Notez comment l’aspect « alu brossé » à gauche se transforme en plaque uniforme sur les version de droite, et comment les caractères, les lignes droites deviennent moins nets. L’image d’origine est de 2mégapixels, soit 5,5Mo non compressés.
compression jpeg faible, fichier JPG de 1092Ko |
compression jpeg moyenne, fichier JPG de 288Ko |
compression jpeg forte, fichier JPG de 118Ko |
La solution ultime: conserver les fichiers sans utiliser de compression destructrice. Malheureusement, rare sont les compacts qui proposent cette option (on parle alors de format RAW), et qui plus est, les fichiers peuvent être très, très volumineux.
Ces considérations ne sont pas limitées aux photos numériques, mais s’adressent également à la conversion de photo argentiques à l’aide d’un scanner (on parle de digitalisation de photographies). Vous trouverez ce sujet traité plus en profondeur sur le site galerie-photo.com.
Dès qu’il s’agit de photographies au format numérique, mon conseil s’impose de lui-même: rien ne sert d’avoir des résolutions fantastiques (6Mpix et au-delà) si c’est pour dégrader l’image avec une compression trop importante. C’est pourtant ce que vous êtes nombreux à faire, « pour en mettre plus sur la carte mémoire », ou tout simplement parce qu’il s’agit des réglages par défaut.
Aussi, je ne peux que vous recommander de régler votre appareil photo numérique sur « très haute qualité » (ou « faible compression ») d’image, et d’acheter tout de suite une carte mémoire de forte capacité…
… mais j’aurais l’occasion d’y revenir.
Et vous, quel réglage avez-vous sur votre appareil photo?